La Maison illuminée a inauguré sa nouvelle saison des jeudis de Saint Maclou par une promenade troubadour au cœur du répertoire traditionnel français, écossais et Irlandais, avec de très à propos interludes de Haydn, Purcell, Gounod et Massenet. L’ambiance en était d’emblée festive. Mais un festif fait de douceur paisible, en d’autres termes d’une joie d’être ensemble, comme sans doute ce fut le cas pour tant et tant de moments festifs autour de ces musiques d’un autre temps, bien ancrée dans le temps des hommes, comme leurs racines, leur héritage transmis en toute simplicité par les troubadours d’âges en âges. Un patrimoine commun que chacun a pu retrouver, ressentir et revivre, comme une réminiscence à la fois lointaine et présente.
Ce soir la composition de La Maison illuminée a d’emblée trouvé l’unité entre les musiciens qui ont fait montre d’une communion immédiate d’autant plus étonnante que chacun arrivait de ses propres horizons. Une unité plus surprenante encore avec l’église Saint-Maclou. La profondeur et l’assise chaude et ronde de Juliette Raffin-Gay semblait rouler sous les voûtes de la nef, avant même de sortir de sous son palais. Entre la Harpe et la contrebasse, l’unité était si fine qu’on eut dit un même instrument. Pas un des quatre solistes ne prit le dessus sur l’autre et même dans les chants réservés à la soprane, le trio instrumental gardait sa première place, au service du chant.
Le chant fut probablement le maître mot de cette osmose musicale. Au violon, Oswald Sallaberger exprimait un cantabile habituellement réservé aux voix elles-mêmes. C’est au cœur de ces voix instrumentales et humaines, que le public vint rejoindre en une unique respiration les musiciens. Tous ensemble, public, musicien et église, saisis dans une seule émotion haletante et paisible furent littéralement transportés par l’Ave Maria de Massenet déroulant sa méditation « déambulante » dans la nef comme dans les cœurs, pour un ravissement d’intimité exhalé jusqu’à l’ultime silence.
La Maison Illuminée, Les Jeudis de Saint-Maclou, jeudi 13 juin 2019
Juliette Raffin-Gay, Delphine Latil, Antoine Sobczak, Oswald Sallaberger
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