Quand La maison illumine le temps de l’avent

Tant de choses conditionnent une si petite note !

La maison illuminée, Oswald Sallaberger, Anne-Cécile Laurent, Les Affinités Electives, Chapelle Corneille. Concert du samedi 1er décembre (16 h et 18 h) et dimanche 2 décembre 11 h.

La Maison illuminée a repris son marathon du week-end pour ouvrir ce temps dit de l’avent qui attend joyeusement Noël. Un concert spirituel à travers les siècles qui nous donna l’immense plaisir d’entendre, interprété de façon remarquable, un de nos plus grands compositeurs rouennais, Michel Corette (voir notre article d’octobre 2018). Superbe et douce symphonie de Noël, dont la composition raffinée unit précision et rondeur dans une plénitude de l’harmonie tout juste habillée de ce sautillant rythme si typique de l’époque et profondément portée par la gravité sereine des violoncelles. Mais c’est tout l’ensemble qui sut mettre cette finesse qui fait naitre les notes du silence, pour les y reposer avec délicatesse. Que de couleurs instrumentales et harmoniques sur cet air de Lully ! Anne-Cécile Laurent, pour sa part fut à couper le souffle, dans les prières d’André Caplet. Une présence vocale qui par moment emplissait la chapelle comme tout un chœur l’eut fait.

Le sort de la messe en sol de Haydn fut plus mitigé. Donnée à l’occasion des trois concerts du week-end, elle fut cependant traitée de façon très différente, par le même ensemble. Une note est une chose bien fragile. Et il suffit de bien peu pour la perturber ou la transcender. Le stress du chef qui vient de se disputer avec sa femme, la mauvaise nouvelle du violoniste, la salle froide, le public tendu par la pluie, le retard des choristes pris dans les bouchons et arrivés crispés, et ce petit fa insignifiant sort mal ou au contraire est magnifié le lendemain par la bonne nouvelle d’une naissance ou une meilleure prise en compte de l’acoustique de la salle. C’est probablement ainsi que cette symphonie d’abord sans véritable direction, quoique musicalement très propre, malgré d’infime mais gênants décalages, avec de très belles sonorités, témoins de la qualité des musiciens, ne laissa qu’une impression de pate informe, jolie, mais sans âme. Si ces fractions de secondes de décalages persistèrent le dimanche, le kyrie s’enchainait nettement mieux. L’expression prenait vie, offrant un somptueux et expressif Miserere. En revanche, le célèbre Alléluia de Haendel donna la nette impression de deux lignes de style très différentes entre le chœur et l’orchestre que ce soit le samedi ou le dimanche.

Cyril Brun