Alors que le printemps se donnait un peu de bon temps en avance, nous avons rapidement profité de cette aimable chance pour glaner dans quelques rues de Rouen de bien insolites élégances.
Saurez-vous les retrouver ?
Alors que le printemps se donnait un peu de bon temps en avance, nous avons rapidement profité de cette aimable chance pour glaner dans quelques rues de Rouen de bien insolites élégances.
Saurez-vous les retrouver ?
Si Flaubert disait pis que pendre des Rouennais, ceux-ci, pour la plupart, jugeaient sévèrement ce « mâqueux », fils de famille dilapidant son bien pour écrire des pages dont ils ne retenaient que l’aura de scandale… A l’enterrement de l’écrivain, le 11 mai 1880, Zola constate amèrement qu’ « on n’aurait peut-être pas compté deux cents Rouennais dans le maigre cortège…Beaucoup ne savaient même pas quel était le mort qui passait…La vérité doit être que Flaubert, la veille de sa mort, était inconnu des quatre cinquièmes de Rouen et détesté de l’autre cinquième…». La tombe, au Cimetière Monumental, traduit bien la place modeste accordée au grand romancier ; au pied de celle de ses parents et surtout de son père, le chirurgien Achille Cléophas Flaubert, une stèle d’enfant, comme celle de sa jeune sœur Caroline. C’est à ce père, très respecté de ses concitoyens, qu’on dédiera en 1867 une rue longeant l’Hôtel-Dieu où il avait exercé : rue Flaubert qui longtemps servira de prétexte au refus de dénommer une autre voie du nom de son fils. C’est seulement au XXe siècle qu’on se décidera à rebaptiser « avenue Gustave Flaubert » l’ancienne « rue de Crosne hors-ville », l’autre voie devenant plus précisément « rue Achille Flaubert » !
La « statuomanie » du XIXe siècle avait cependant précédé cette dénomination. Dès 1890, avait été inauguré, dans le square Solférino (aujourd’hui Verdrel), un bas-relief de marbre blanc commandé par souscription au sculpteur Chapu. On y voyait La Vérité sortant du puits, une allégorie dont le réalisme, propre à susciter des interprétations moqueuses, rendait un peu équivoque le médaillon de Gustave Flaubert semblant lorgner la scène … Nettement plus réussie devait être, en 1907, la statue en bronze par Bernstamm, financée là encore par un comité parisien et érigée d’abord au pied de l’ancienne église Saint-Laurent. Envoyée à la fonte sous l’Occupation, elle devait être refaite après la guerre et dressée place des Carmes. L’artiste a su donner de l’écrivain une image qu’on gardera de lui.
Cette même année 1907 voit naître enfin à Rouen une Société des Amis de Flaubert, fondée par l’écrivain normand Jean Revel. Attachée notamment à la sauvegarde du pavillon de Croisset, elle sera rénovée en 1948, avec siège au Musée Flaubert de l’Hôtel-Dieu. Lui succèderont en 1991 des Amis de Flaubert et de Maupassant, associant dans leurs études ces deux auteurs si proches.
Ajouterons-nous enfin, hommage tardif de la Ville, la dénomination d’un Lycée Gustave Flaubert et celle, en 2006, du pont Flaubert, qui honore l’écrivain au même titre que Jeanne d’Arc, Corneille ou Guillaume le Conquérant ? Le grand Gustave aurait trouvé cela « hénaurme ».
Jean-PIerre Chaline
Illustration notre couverture du magazine de septembre dont est tiré cet article
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