Opéra de Rouen – Que vous réserve la saison 2019/2020 ?

Incontestablement enfin, l’opéra de Rouen sort du tunnel dans lequel il semblait s’endormir depuis le départ de Daniel Bizeray.

Loïc Lachenal nous a concocté une saison puissante, massive, riche, variée que nous avons grande impatience de découvrir et de vous faire découvrir au fil de la saison dès septembre prochain.

Voici en avant première quelques plats du vaste menu qui passera en revue 500 ans de musique.

7 grandes œuvres lyriques et 17 rendez-vous symphoniques qui n’oublieront pas les 250 ans de Beethoven, l’année Offenbach ou l’anniversaire Berlioz.

Pour garder en haleine les présentations au public nous ne vous donnons que les grandes lignes. Mais chaque titre regorge de surprises de qualités uniques.

Barbier de Seville ( diffusion sur écran dans 15 lieux Normands) avec une mise en scène Pierre-Emmanuel Rousseau (qui nous avait offert un splendide Comte Ory cette année. Voir notre article)

Der Freischütz ( avec Stanislas de Barbeyrac)

Le postillon de Longjumeau ( coproduction avec l’opéra comique)

Coronis (une zarzuela espagnole d’époque baroque) avec Vincent Dumestre et le Poème harmonique. Quasiment une création mondiale. 

Tosca mis en scène par David Bobée ( directeur du cdn de Rouen qui nous laisse le souvenir d’un époustouflant Peer Gynt cette saison. Voir notre article dans notre numéroi de décembre 2018)

Sersée de Haendel 

Mac Beth de Dusapin. Création mondiale décors pharaonique en vue.

La saison symphonique n’est pas moins impressionnante

⁃ Concerto l’empereur de Beethoven  ⁃ Deuxième concerto pour piano de Chostakovitch avec Alexandre Taraud ⁃ IVème et Vème de Beethoven ⁃ Berlioz ⁃ Un inédit d’Offenbach ⁃  L’ouverture de Tannhauser ⁃ Un vrai retour du baroque avec Don Juan de Gluck ( entre autre)

Et une note gourmande étendue à 18.30 avec apéro !

Quant à la Chapelle Corneille avec une quarantaine de concerts dont


⁃ Les sœurs Labèque  ⁃ Les intégrales des sonates pour piano de Beethoven ⁃ Accentus avec la liturgie de Saint Jean Chrisostome de Rachmaninov   ⁃ B’Rock sur instruments anciens avec une Passion selon Saint Jean de Scarlatti  ⁃ Quatuor Debussy
La programmation d’une dizaine de concerts de L’etincelle 
Mais aussi la maison illuminée pour des week-end participatifs avec le public en concert Week-end avec Beethoven et le Concours baroque Corneille

Nous n’en dévoilons pas plus, il y aurait tant à dire encore de cette passionnante aventure qui nous attend tous à la rentrée. La présentation au public de jeudi et samedi devrait vous enchanter avec plus de détails et la passion de Loïc Lachenal.


Comte Ory – Mathias Vidal, le bonheur d’une voix.

Comte Ory, Rossini, Opéra de Rouen, samedi 26 janvier 2019, 18 heures.

C’était la dernière représentation du Comte Ory au théâtre des Arts de Rouen, mais aussi l’ultime des trente représentations de cette production mise en scène par le Rouennais Pierre-Emmanuel Rousseau. Une production inégale par certains côtés, mais des plus intéressantes. Lorsque Rossini et Scribe s’entendent pour cette œuvre (voir notre article de présentation) le goût des épopées médiévales est à la mode en France. Ce dépaysement était devenu une projection habituelle pleine de sens et de sous-entendus que le public d’aujourd’hui perçoit moins tant parce qu’il ne baigne plus dans cette collective transposition que parce que les non-dits ouvertement exprimés par ce procédé de transfert ne sont plus ceux d’aujourd’hui. Pièce écrite et crée au XIXème siècle, plantant un décor médiéval, voilà le lègue des deux compères à notre XXIème siècle. Que garder tout cela, que mettre au goût du jour pour traduire la volonté des auteurs ? C’est ce à quoi s’est employé Pierre-Emmanuel Rousseau ajoutant un décalage supplémentaire à ce médiévisme dix-neuvièmiste, en situant la scène qu’il présente au public d’aujourd’hui au milieu du XXème siècle. Si la transposition peut sembler délicate, du fait du grand écart religieux entre les époques, l’esprit est bien là et s’il traduit nombre de questions libertines, c’est toujours d’une élégante suggestivité. Le libertinage du comte Ory, comme le graveleux des militaires garde toujours à la femme, comme au désir charnel, une aura un rien sacré et le comte n’est pas sans laisser poindre sous le pourpoint libertin une admiration qui semble le dépasser lui-même.  Il en est même attachant et loin du bourreau perclus de vices, le comique avec lequel Mathias Vidal habite le personnage, le rend finalement vulnérable et presque inoffensif. L’occasion alors de voir que derrière la passion qui le dévore, se cache bien des faiblesses que révèle notamment l’Acte II.

Mais c’est bien l’axe comique qui ici porte l’action et innerve l’ensemble de la scène dans ce qu’il est convenu d’appeler une mise en scène du détail. Rien n’est laissé au hasard, du regard aux mouvements de doigts tout est pensé pour entraîner le public dans le tourbillon rossinien tendu vers la résolution finale du drame, seul bémol de la mise en scène. L’avant-dernière scène transposée en nuit fantasmée par le comte, telle qu’il la désirait sans doute, rend incongru le final salvateur de l’arrivée des croisés, sans pour autant gâcher notre plaisir. Car c’est bien la mise en scène qui porta la pièce de bout en bout, alors que l’orchestre paraissait bien pâle et fort peu rossinien, souvent étouffé et contenu, finalement très policé. Fort heureusement la qualité de la plupart des solistes remisa au second plan la partie instrumentale. Si Philippe Estèphe était couvert par l’orchestre au premier acte, il livra un merveilleux Raimbaud, héroïque caviste. Perrine Madoeuf était un ravissement, mais c’est incontestablement Mathias Vidal qui donna corps, sens et style à son personnage, comme à la représentation toute entière. Une véritable qualité d’acteur et de comique particulièrement et une voix d’une admirable plasticité. Il semblait que tout lui était facile, le grave comme l’aigu, le piano comme le forte, le scandé comme le lié. Bref il dévoila au public rouennais ce qu’est le bonheur d’une voix.

Cyril Brun

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