Jumpstyle entre ballet et cirque, une étonnante découverte.

To Da Bone, jeudi 7 février 2018 – 20 heures, Théâtre de la Foudre – CDN – conception et mise en scène (La)Horde

Etonnant ? Epoustouflant ? Essoufflant ça c’est certain ! Cela vaut tous les cardio training assurément ! C’est humain, lorsqu’on découvre, quand on est dérouté, on cherche spontanément à se raccrocher à du connu. Pour mieux suivre ? Pour tenter de mieux s’amarrer au flot tonitruant qui nous submerge ? Pour entrer dans ce qui est un peu un mystère du tempo ? Cela va vite, très vite parfois. Et l’ensemble de la dizaine de jeunes réglés comme un ballet russe n’en est que plus époustouflant.

Le jumpstyle, né il y a une petite vingtaine d’années dans les clubs belges et hollandais, s’est érigé en communauté, s’est affiné, développé grâce aux réseaux sociaux permettant aux jeunes, souvent isolés de pratiquer avec d’autres cette danse dont le spectacle To Da Done nous raconte l’histoire en forme de démonstration spectaculaire. La fougue, l’énergie, l’agressivité canalisée dans un ballet harmonieux et incroyablement huilé font de ce pas de danse décliné de cent façons une fusion du ballet et du cirque, comme si les trapézistes surfaient en corps de ballet. Sur un ostinato dense et soutenu du chœur, se dégagent à tour de rôle des solistes donnant leur propre pas dans la cadence des autres. Tantôt anguleux et violent, parfois doux et gracieux, la précision est toujours de rigueur.

Un spectacle sans pareil, c’est certain, où l’individualité se met au service de la communauté sans pour autant disparaitre, en témoigne les disputes sur l’origine du Oldschool ou encore la mise en scène qui prend le temps de présenter un par un chacun des jeunes européens dansant sur scène ainsi que leur histoire avec le jumpstyle.

Ça secoue, ça dérouille, mais ça prend à l’âme parce que le cœur perce dans cette danse endiablée au sens le plus littéral.

Pour autant et pour peut-être mieux livrer ce mystérieux pas indicible par des mots, Cyril Brun, qui était à mes côtés ce soir, me disait : « Je crois que ce ne serait pas iconoclaste de mettre en scène La vie parisienne d’Offenbach avec du Jumpstyle ».

Romain de La Tour

notre photo ©Laurent-Philippe