A Rouen manger c’est sacré ! Alors que le guide Michelin publie ce 22 mars son opus des bonnes tables, nous avons, nous aussi, choisi de mettre à jour cet article. Tant de choses ont changé depuis 2019 quand Rouen sur Scène vous avais concocté la meilleure table de Rouen en suivant ce lien.
Mais commençons notre voyage gastronomique !
Vous cherchez un verre ?
Le bar à cocktail le plus étonnant et le plus innovant reste pour nous Le petit Bar. Une nouvelle équipe mais le même esprit, la même excellence !
Depuis l’été, une nouvelle adresse s’impose place du Vieux’, L’Absinthe. des cocktails inspirés, de belles planches et une belle sélection de vins au verre.
Le bar (ou la terrasse) du Bourgtheroulde, même si les cocktail et l’accueil ont perdu en qualité.
De bonnes tables ?
Place du Vieux Marché dans des styles très différents, mais délicieux
Le Cancan qui renoue avec la finesse des plats et cela fait plaisir de retrouver une bonne table pleine de projets !
Les Deux Mêmes (voir notre article dans notre numéro de Juin 2018). Un point fort pour les pressé ! Une jolie carte des vins. Nombre de serveurs sont partis et malgré la belle terrasse, l’ambiance s’en ressent.
Le Millésime ( voir notre article dans notre numéro de septembre 2018). Adorable, simple et non dépourvu de finesse, c’est la carte des vins aux verres qui nous fait voyager, avec un patron passionné !
Les Nymphéas, la plus belle terrasse de Rouen et une nouvelle cheffe qui joue avec les saveurs. Un excellent service à la française et de belles bouteilles. Les amateurs de whisky seront ravis !
La couronne (voir notre numéro de décembre 2018). Un très gros retour en qualité pour la cuisine, plus allégée sans rien perdre de la tradition, ni de la fraicheur toujours si joyeuse de l’équipe en salle. Le canard à la rouennaise ou le soufflé, mais aussi cette manière unique et magique de préparer le calva dans la plus vieille auberge de France.
La place, en hauteur, on trouve avec délice la version brasserie de Gill. Les saveurs sont rennes, les prix défient toute concurrence ! Une brasserie au niveau étoilé.
Le Boma, un dernier né. Fraicheur et bonne humeur, inventivité. La qualité est d’autant plus au rendez-vous qu’elle se veut exigeante.
Plus en retrait,
Discret mais charmant, le Chabada (voir notre article d’octobre 2018). Ambiance rétro très chaleureuse. Accueil attentionné et des petits plats bien normands, parfois revisités.
Animé et naturel, le Bistrot Nova (voir notre article de novembre 2018) et ses délicieuses frites du samedi.
Le café Victor, de l’Hôtel de Dieppe, face à la gare, que nous recommandions chaleureusement s’est littéralement effondré. S’il reste encore jusqu’en avril 2022 l’excellence du chef, le respect du client est piétiné, l’accueil médiocre voire vulgaire.
L’Epicurius, rue Damiette, même si les vins sont très chers, la table vaut le détour.
Sur les bords de Seine, à deux pas de la parade de l’Armada sur les hauteur de La Bouille, L’Hermitage (voir notre article de septembre 2018). Un cadre belle époque, un service de haute tenue, une table qui elle aussi a fait un bond vers l’excellence. Plats de famille transfigurés, cocktails et desserts innovants à 10 mn de Rouen.
Bien entendu pour la brasserie tradition, l’indétrônable Paul place de la cathédrale, avec sa carte inchangée, mais si typique, depuis…. Sartre et Chirac !
Et si vous voulez vous plonger dans toutes ses ambiances, retrouvez le policier gastronomique rouennais, le secret du canard au sang !
Lorsque Philippe II d’Espagne commande
la construction du palais de l’Escurial, il précise, selon sa propre spiritualité,
qu’il le veut « sobre et sans ostentation ».
Cette exigence du monarque m’est
revenue en écoutant le chœur de garçons Escolania de l’Escurial. Sobre et sans
inutiles fioritures, mais d’autant plus impressionnant d’excellence. C’est la pause
spirituelle et musicale offerte par le Festival Courant d’Art en plein cœur de
l’Armada, autre réminiscence de la puissance espagnole de l’époque philippine.
L’excellence de ce chœur n’est
pas seulement technique, ni l’adorable impression que donne toujours un chœur d’enfants.
Bien que jeunes, voire très jeunes, ces garçons sont d’incontestables musiciens
accomplis. En effet, à la différence de tant de formations d’enfants, ils
possèdent, en plus du timbre unique de la juvénilité, la musicalité, l’esprit
propre à chaque composition qui n’est pas simplement exécutée, mais bel et bien
interprétée et au-delà vécue intérieurement, comme un prolongement de la
partition à l’âme.
De cette qualité musicale se
dégage alors naturellement une maîtrise des harmoniques proche du ravissement
et réellement merveilleuse dans leur relation au silence. On en vient à
regretter les applaudissements trop rapides qui ne laissaient pas ces
harmoniques rejoindre le silence des voutes de l’église de l’ancien Hôtel Dieu.
A quelques infimes détails près tout tutoyait le parfait, les entrées vocales
ne faisaient que sortir du silence pour y revenir sans heurts. Des attaques aux
fins de phrase la plénitude du son ne quittait jamais la moindre note si
secondaire fut-elle. Cette performance tient sans doute à ce petit détail
technique ô combien efficace de chanter le « a » comme un « o »
laissant à la colonne d’air toute la prise qu’une voyelle trop ouverte laisse
souvent filer.
Une soirée internationale qui faisait suite à la série de concerts donnés par la maîtrise Saint-Evode de la cathédrale de Rouen et le chœur de garçons de Limanowa en Pologne. L’inédit 2019, titre de cette série de concerts au plein cœur de l’Armada s’est donc achevé par un véritable triomphe dans une église bondée.
Et un petit extrait d’un répertoire très différent de celui donné hier.
La rédaction de Rouen sur Scène adresse un immense merci à Nicolas Plantru pour ce merveilleux voyage à bord du Belem
I.
La construction du Belem
Dans le port
de Nantes, à la fin du XIXème siècle, l’activité maritime est bien
vivante. Plusieurs familles ont une influence notable sur la vie du port.
Parmi
celles-ci, les Dubigeon tiennent une place particulière dans la mesure où
l’entreprise de construction navale va jouer pendant deux siècles un rôle
essentiel, et ceci bien au-delà de Nantes.
La famille Crouan
est vouée à l’activité d’armement maritime et possède une flotte non
négligeable de navire marchand. Sa flotte, notamment composée de six trois-mâts
barque est spécialisée dans le commerce avec les Antilles et l’Amérique du Sud.
Son plus important client, la famille Menier, exploite une importante
chocolaterie à Noisiel.
Dubigeon a déjà construit plusieurs bateaux pour
Crouan. Mais le monde de la construction navale connait de profonds bouleversements
en cette seconde moitié du dix-neuvième siècle.
Dès 1860, les frères Pereire
créent la compagnie Générale Transatlantique et adoptent la vapeur. Et bien
souvent les coques en acier remplacent le bois. C’est dire que les débats sont
animés au sein du monde de la marine marchande.
Avec la vapeur, on va certes plus
vite mais il faut alimenter le bateau en carburant et les chaudières prennent de
la place, prise sur le frêt. Certains redoutent aussi le manque de fiabilité de
ces nouvelles machines. D’un autre côté, les navires sont plus maniables et
nécessitent une main d’œuvre moins nombreuse.
Les Anglais ont pris de l’avance
avec la Cunard en particulier et la flotte française se laisse dépasser. C’est
pourquoi, le gouvernement français va réagir en accordant des primes aux armateurs
de voiliers à coque d’acier.
En
décembre 1895, Adolphe Dubigeon invite à déjeuner Fernand Crouan dans le tout
dernier né des restaurants nantais La
Cigale. Ils évoquent bien évidemment leurs pères qui travaillaient déjà
l’un pour l’autre et les différents bateaux construits par la maison Dubigeon
pour l’armement Crouan, le Cruzeiro, le premier d’entre eux, puis le Para en
1888, le Noisiel en 1890 qui est le premier trois-mâts barque à coque en acier
ou encore le Claire Menier ou le Denis Crouan.
Dubigeon sait bien que Crouan a cédé
le Para à un armateur de grande pêche de Fécamp et que les besoins de la maison
Menier ne cessent d’augmenter, ce qui devrait inciter Crouan à vouloir
construire un nouveau bateau.
C’est bien le
sujet principal de ce repas à La Cigale
et les débats techniques de l’époque sont bien sûr au cœur des discussions.
Mais l’affaire est rondement menée, la décision est vite prise.
Fernand Crouan veut construire un
trois-mâts barque en acier, du type antillais. Il souhaite qu’il ait une allure
de yacht, qu’il puisse contenir un fret important, qu’il soit solide et qu’il
puisse durer plus de sept ans. Les premiers plans sont esquissés, car Fernand
Crouan sait ce qu’il veut. Adolphe
Dubigeon est chargé de commencer le chantier très rapidement. Il a déjà en tête
le nom du bateau, « Belém », contraction de « Bethléem », du
nom de la ville de la région de Pará au Brésil avec laquelle Crouan entretient
des relations commerciales.
Crouan vient régulièrement suivre
le chantier de construction qui doit durer environ six mois. Il doit mesurer 48
mètres à la ligne de flottaison, 57 mètres hors tout et 8,80 mètres dans sa
plus grande largeur. La cale centrale peut contenir 1000 mètres cubes et 675
tonnes de chargement. Le gaillard à l’avant et la dunette à l’arrière sont
surélevés, c’est pourquoi on parle de trois-mâts barque.
Il faut à cette époque treize
hommes d’équipage, un capitaine et un second, un maître d’équipage, huit
matelots, un mousse et un cuisinier. Il s’agit bien de manœuvrer 1200 mètres
carrés de voilures, sans aucun moteur. Le bateau dispose alors de cinq ancres.
La
construction au chantier de Chantenay-sur-Loire dure cinq mois et dix jours
pour la coque. Il faut ajouter cinquante jours pour le gréement Le bateau est mis à l’eau le 10 juin 1896 pour
que les derniers aménagements y soient effectués et qu’il puisse appareiller
pour le Brésil fin juillet 1896.
II.
Une activité intense de marine marchande.
Le capitaine
Lemerle a lui aussi suivi les travaux d’installation du gréement. Après les
festivités de la livraison du bateau, le 10 juin 1896, il faut préparer le
grand départ le 31 juillet 1896 sous son commandement. Beaucoup de monde
assiste à Saint-Nazaire à l’appareillage du Belem.
Lors de sa
première campagne, le Belem passe à Montevideo et charge des mules qu’il
convient de livrer à Belem, celles-ci sont destinées à faciliter le chantier de
construction du métro de la ville de Belem.
La tempête
n’est pas du goût de ces mules et un certain nombre d’entre elles meurent
durant le voyage. Il ne reste plus alors qu’à les jeter à la mer. L’équipage
est fatigué par cette navigation, notamment le second capitaine, Alphonse Rio,
qui démarre sa vie de jeune officier.
En octobre
1896, le Belem arrive à destination.
Mais durant la nuit de son arrivée, un incendie démarre dans la cale et tous les
animaux périssent Les mâts, en bois, sont également endommagés.
Quelques jours durant, l’équipage
s’affairent à des réparations de fortune. Le cœur n’y est pas, les matelots ne
veulent pas reprendre la mer. Ils se révoltent, mais l’autorité du capitaine
Lemerle est si forte que le bateau repart à l’aide de vents plus favorables. Le Belem arrive à
Saint-Nazaire le 26 janvier 1897, soit six mois après son départ. Il repartira
deux mois plus tard.
De
1896 à 1914, le Belem effectue 33 campagnes transatlantiques. Le frêt au départ
de France est assez varié. Il s’agit principalement de livrer de la marchandise
en Guyane. Le bateau va toujours dans la région de Parà chercher des fèves de
cacao destinées au chocolat Menier, mais il passe souvent par l’Uruguay ou
l’Argentine où il charge des animaux. Il revient par les Antilles pour
rapporter du sucre ou du rhum, quand ce n’est pas un passage par l’Angleterre pour
prendre du charbon.
Durant cette période, le Belem va connaitre quatre armements et sept
capitaines. Julien Chauvelon prend son poste en 1901 pour terminer en 1913.
C’est lui qui détient le record longévité dans cette fonction.
Toutes les traversées ne sont pas
aussi difficiles que la première, mais la vie à bord est souvent bien
compliquée. Il faut faire face aux
caprices du climat mais aussi à l’inconfort du bateau. Et la traversée dure
trois mois avec des réserves de vivres nécessairement limitées.
Chauvelon va connaître un épisode de la vie du Belem qui aurait pu lui
être fatal. Il arrive en rade de Saint-Pierre de la Martinique le 7 mai 1902,
mais l’emplacement qui est normalement réservé au Belem est occupé par un autre
bateau. Il est contraint de se réfugier à l’est de l’île à plus de vingt
kilomètres. Pendant la nuit, l’éruption de la montagne Pelée détruit la ville
de Saint-Pierre, provoquant la mort de plusieurs dizaines de milliers de
personnes et l’engloutissement des bateaux situés dans le port de Saint-Pierre.
Le Belem sort de cette tragédie pratiquement totalement épargné, hormis des
cendres volcaniques faisant quelques dégâts mineurs.
C’est ainsi qu’est né la légende de la bonne étoile du Belem.
III.
Un yacht britannique
Le bateau n’est plus adapté au commerce, les
navires à moteur, plus rentables, les remplacent petit à petit. Il faut arrêter
l’exploitation commerciale du Belem. Il est acheté le 11 février 1914 par le
duc de Westminster qui le trouve élégant et veut le transformer en yacht de
plaisance.
Ce bateau quitte Nantes vers Southampton. Julien Chavelon
est aux commandes avec le capitaine anglais qui découvre ainsi le bateau.
Même
si le Belem a toujours été bien entretenu par Chauvelon, surnommé « Capitaine
peinture », le duc de Westminster a de toutes autres exigences. C’est à
une modification complète du bateau qu’il va se livrer.
Il l’équipe de
deux moteurs Bollinger de 250 chevaux et remplace les bas-mâts en bois par des bas-mâts
en acier servant d’échappement aux moteurs. La dunette est surélevée et dotée
de balustres de style victorien : sur le pont, on construit un grand roof
en acajou de Cuba. Les cales sont remplacées par des cabines luxueuses en bois
permettant d’accueillir la haute société de l’époque.
Tous les travaux sont réalisés
pendant la première guerre mondiale, de sorte que le bateau en sera épargné.
A
l’issue de la guerre, le Belem comprend un équipage d’environ 25 personnes. Il
faut ajouter aux marins habituels de nouvelles spécialités : mécaniciens,
secrétaires, maîtres d’hôtel, médecin…
Le Belem arbore les couleurs du
Royal Yacht Squadron, le plus ancien et prestigieux club de voile britannique.
De 1919 à 1921, il fait escale à Nice, Cannes, Monte Carlo, Biarritz ou
Deauville. Il participe à diverses festivités mondaines et on peut imaginer que le duc de Westminster y reçoit
son amie Coco Chanel. Il est également présent à diverses régates et notamment
celles de l’île de Wight en 1920. Le Belem fait partie du paysage des grands
yachts de luxe, un loisir très à la mode de cette époque.
L’Honorable Arthur Ernest
Guinness, vice-président des brasseries éponymes, achète le bateau le 24 septembre
1921. C’est un vrai marin qui a le goût des voyages. Il rebaptise le bateau Fantôme
II et réalise quelques travaux d’aménagement intérieur, en créant un petit
roof.
Le bateau navigue beaucoup,
participe aux rassemblements et fêtes maritimes, à de nombreuses régates. Mais
Guinness veut faire le tour du monde. Il part en famille pendant un an, de mars
1923 à mars 1924, navigue plus de 31 000 miles marins et passe par Panama
et par le Canal de Suez. Il se rend en Polynésie, au Japon, en Chine, aux Îles Galápagos, aux îles Marquises, aux îles Tonga et même au
Spitzberg.
Il est à Montréal pour les fêtes
du couronnement de Georges VI en 1938.
Mais Guinness meurt en 1939, à la
veille de la seconde guerre mondiale. Le Belem est alors désarmé à l’île de
Wight, ce qui lui permet à nouveau d’être épargné durant la seconde guerre
mondiale. Il ne perd que quelques vergues lors d’un bombardement dans la rade
de Cowes.
IV.
Un bateau école italien
Les filles Guinness mettent le bateau en vente, mais le
yacht de luxe, à la sortie de cette guerre mondiale, est passé de mode.
Il
est alors acheté en 1951 par le Comte Vittorio Cini, pour en faire un bateau
école. Ce riche industriel vient de quitter la direction de ses entreprises
suite à la mort accidentelle de son fils Giorgio en 1949. Il souhaite consacrer
une partie de sa fortune à la restauration du couvent bénédictin de l’île San Giorgio à Venise, à la promotion des arts
et de la culture et à la formation des orphelins de la marine italienne. Il
crée pour cela la Fondation Cini.
Il acquiert le Fantôme II pour la
formation des jeunes marins. On peut apprendre beaucoup de métiers différents
sur un bateau. Mais il faut d’abord transformer ce bateau de luxe en bateau
école. Les précieuses cabines sont remplacées par un dortoir disposant de hamacs.
Une timonerie est édifiée sur le roof et la voilure est transformée. Une voile à
corne remontée d’une flèche remplace les anciennes voiles carrées sur le grand
mât. Les logements de l’Etat-major, sous la dunette, de même que le grand roof
et son magnifique escalier à double révolution sont sauvegardés.
Cinq
cent cinquante jeunes orphelins, âgés de 5 à 16 ans, vivent au Centro Marinaro
et étudient à l’Institut Scilla. Il y règne une discipline sévère. Mais c’est
un lieu de vie où se tissent des liens d’amitié solides, à défaut de bénéficier
de l’affection des parents.
L’été, les plus âgés et plus
méritants d’entre eux, aux côtés des élèves officiers des écoles navales de
toute l’Italie, naviguent sur le Giorgio Cini, qu’ils appellent affectueusement leur « Giorgetta ». Ils se sentent
alors des héros. Le bateau accueille jusqu’à 80 élèves à bord et part dans les
eaux adriatiques ou méditerranéennes. Au total, ce sont 250 élèves par an qui
naviguent au cours des trois croisières organisées les mois d’été, effectuant
un périple de 5 à 6000 miles nautiques. Le rythme est toujours identique, du
lever à 6 heures jusqu’au coucher à 21 heures.
Le
Giorgio Cini fait parfois des voyages extraordinaires. Il reçoit la visite de
président de la République italienne et part jusqu’en Turquie. En 1959, il est
à Cannes pour les commémorations du décès de Giorgio Cini.
En
1967, le bateau n’est plus adapté à la formation maritime moderne. Il est alors
désarmé, à défaut de faire des travaux très importants que la fondation, qui
possède d’ailleurs d’autres bateaux, ne peut assumer.
De 1967 à 1972, le Giorgio Cini
est à quai le long de l’île San Giorgio et ne navigue plus. Les Carabinieri qui
songent pourtant à le restaurer, le conduisent à l’Arsenal pour des travaux
importants : remplacement des moteurs Fiat par des Fiat Iveco,
modification du gréement, équipement de matériel radio, remplacement des mâts
par des mâts en acier. Mais les Carabinieri ne peuvent payent le chantier
naval. En 1976, la fondation Cini est contrainte de céder le bateau au chantier qui le met en vente
immédiatement pour se rembourser des travaux effectués. Plusieurs tractations
ont lieu mais elles n’aboutissent pas.
Un français,
le docteur Gosse, avait visité le Giorgio Cini en 1970 et avait découvert sur
le fronton de la dunette une plaque en cuivre mentionnant « Belem »
et « Nantes ». Il avait ainsi ré-identifié et retrouvé le Belem,
un bateau de commerce français, complètement oublié en France.
En 1977, ce dernier, de retour à Venise, ne voit plus le bateau à l’île San
Giorgio et s’en inquiète. Il apprend qu’il est à vendre. Il contacte alors
l’association pour la sauvegarde et la conservation des anciens navires
français.
Les
italiens s’en émeuvent, organisent des souscriptions mais ne parviennent pas à
obtenir la somme nécessaire pour conserver le trois-mâts sous pavillon italien.
De son côté, le docteur Gosse remue ciel et terre et soulève l’opinion publique
en France. Il finit par trouver le sauveur. La Caisse d’Epargne achète le
bateau en avril 1979 grâce au fond de réserve du Livret A.
V.
Retour du Belem en France
Le bateau
n’est pas en état de naviguer. Il quitte Venise le 15 aout 1979 sous le regard
attristé d’une foule de vénitiens en pleurs. C’est la Marine Nationale
française qui remorque le bateau à Toulon puis jusqu’à Brest, où il arrive le
17 septembre sous les applaudissements du peuple français en liesse.
La
Caisse d’Epargne décide en 1980, année du Patrimoine, de donner le bateau à la
France, en créant une fondation qui obtient rapidement la reconnaissance
d’utilité publique. Les travaux à réaliser sont considérables et la Marine
Nationale finit par se retirer du projet. La Caisse d’Epargne assure la restauration
du bateau en conservant ce qui peut l’être des divers aménagements. Mais il
s’agit surtout de mettre le Belem aux normes de sécurité exigées de l’administration
française et dont l’application est vérifiée par le Bureau Veritas.
Les derniers
travaux d’aménagement sont réalisés à Paris au pied de la Tour Eiffel entre septembre
1981 et juin 1985, notamment grâce au concours de nombreux bénévoles.
L’objectif de la fondation est de permettre au
Belem de reprendre la navigation et une activité de bateau école. Entre temps,
la fondation Belem a obtenu le classement du voilier comme monument historique.
Il est maintenant prêt à de nouvelles aventures maritimes.
Après quelques
croisières de cabotage en Atlantique, le bateau part en 1986 à New York,
représenter la France lors du grand
rassemblement de voiliers organisé pour le centenaire de la statue de la
liberté. Le Belem y occupe alors une place d’honneur.
VI.
Une nouvelle mission pour le Belem
La première mission du Belem est
de naviguer et de permettre à des personnes de tous âges, dès 14 ans, de toutes origines sociales ou
professionnelles, de tous horizons de venir séjourner entre 3 et 5 jours en mer
afin de participer aux manœuvres d’un grand voilier, comme au dix-neuvième
siècle. L’équipage – 16 marins professionnels issues de la marine marchande,
transmet les savoir-faire de l’époque aux 48 navigants. C’est une expérience de
vie, une aventure riche des valeurs de la mer qui exige rigueur, discipline,
respect, solidarité, esprit d’équipe, capacité d’adaptation, goût de l’effort…
Chaque année près de 1200 personnes naviguent sur le Belem.
Mais
le Belem est aussi un monument historique. C’est un véritable musée qui peut
être visité lors des escales. Le Belem reçoit la visite de 50 000
personnes par an qui découvrent les installations actuelles ainsi que les
marques d’une histoire riche. C’est aussi un lieu d’accueil pour des réceptions
à quai organisées par des entreprises ou diverses institutions. C’est également
un objet d’étude scientifique pour les historiens. C’est enfin un sujet qui
inspire nombreux artistes, peintres ou écrivains.
Le Belem est
aussi un ambassadeur du pavillon français. Il fait escale à l’étranger pour
représenter la France à diverses occasions. Il était en 2004 à Québec pour le
400ème anniversaire de la fondation
de la ville de Québec. En 2012, il était
le seul bateau hors Commonwealth à être invité par la reine d’Angleterre pour
les fêtes de son jubilé de diamant. En août de la même année, il était encore à
Londres pour les jeux olympiques. En 2014, la fondation Belem a organisé le
retour du Belem à Venise afin de rendre hommage au passé italien du bateau. Ce
fut l’occasion pour les anciens « marinaretti » de venir naviguer à
nouveau sur le bateau, sous le regard de leurs enfants et petits-enfants.
Le
Belem fête ses 120 ans en 2016. L’année est jalonnée en France de
manifestations variées, notamment à Nantes, mais aussi dans d’autres ports
français et même à Paris. Car le Belem est le bateau de tous les français. Il
participe à des évènements culturels et des rassemblements de grands voiliers, tels que
ceux de Brest, Rouen ou Amsterdam et
bien d’autres évènements organisés à certaines occasions.
VII.
Des défis à relever en permanence.
La gestion
d’un bateau de 120 ans, riche d’une si belle histoire, est d’une extrême
complexité. Ce sont des problèmes techniques, car entretenir un tel bateau
suppose une maintenance très coûteuse (entre 350 000 et 650 000 euros
par an). Il faut refaire chaque année la peinture, l’étanchéité, changer trois
voiles par an, vérifier la coque….
Il faut faire face aux contraintes
administratives diverses. L’administration française peine à
« classer » ce bateau : est-il un bateau de marine marchande ?
Est-il un bateau de transport de personnes ? Ce sont les règles de
sécurité qui sont très prégnantes avec chaque mois une journée entière
consacrée aux entrainements de sécurité.
La fondation Belem programme chaque
année une trentaine de navigations pour satisfaire une « clientèle »
de navigants exigeante. Elle doit imaginer des navigations à thème avec un
conférencier sur la météo ou l’astronomie par exemple. Elle recherche des
entreprises pour privatiser le bateau à quai ou en mer. Elle doit innover sans
cesse pour s’adapter à une demande en évolution. Elle gère un budget dont les
dépenses sont contraintes et malheureusement irréductibles, avec des ressources
limitées. La fondation Belem dispose de ses recettes commerciales (stages,
privatisation à quai, vente de produits dérivés, redevances de licence de
marque). Mais celles-ci représentent la moitié du budget. Une autre part est
apportée par les dons d’entreprises ou de particuliers qui, par milliers, apportent
des subsides indispensables. Mais le mécénat de la Caisse d’Epargne reste la
ressource la plus importante. Et on ne peut que rendre hommage à la Caisse
d’Epargne pour cet accompagnement constant au fil du temps.
Le Belem peut encore vivre de longues années, faire vibrer le cœur de ceux qui l’approchent, le visitent, ou naviguent. On ne peut que souhaiter qu’il conserve encore longtemps sa bonne étoile qui lui a déjà permis de connaitre 120 ans d’aventures.
Voici la table parfaite de ce début d’année 2019 concoctée par Armelle Le Victrix pour vos sorties sur Rouen et alentours
Apero : le cocktail d’eux-mêmes au restaurant du même nom ( voir notre article de juin 2018) ; le cocktail la couronne au restaurant du même nom place du Vieux’ ( voir notre article de décembre 2018) ; les délicieuses planches apéro du Millésime avec d’excellents et rares vins au verre ( voir notre article de sept 2018). Petit saucisson de la côte normande au Cancan ( voir notre article de novembre 2018). Mojito normand de La Marmotte.
Entrées : homard (aux fruits de saison) de La Couronne ; hareng fecampois de la marée à Fécamp (voir notre article de janvier 2019) ; maquereau frais de l’ermitage à La Maison brûlée ( voir notre article de sept 2018) ; cassolette d’escargots façon Chabada au Chabada ( voir notre article de novembre 2018) ; les pressés de viandes ( joues de bœuf ou autres) des D’eux-mêmes ; les œufs mimosa arrangés du Cancan.
Trou (normand ou dérivé) : sorbet vin chaud épices de La Couronne. Sorbet pomme calva de chez Bunel aux Nymphéas ;
Viandes : les braisés des d’eux-mêmes ; les mijotés de l’Ermitage; la tourte de canard des Nymphéas ; l’entrecôte exceptionnelle du Cancan ; le pigeonneau et le canard au sang de La Couronne ; le parmentier de canard du Chabada ; l’andouillette à la ficelle de l’ermitage ; l’osso buco du Blotti, la tête de veau de chez Paul ; les frites de l’ermitage ou du Bistro Nova ; les légumes craquants des Nymphéas ;
Poissons : le bar ou saint pierre truffé de la Couronne. Le cabillaud du Cancan ; les bars différentes préparations des Nymphéas ; les poissons du jour des d’eux-mêmes
Poissons : le bar ou saint pierre truffé de la Couronne. Le cabillaud du Cancan ; les bars différentes préparations des Nymphéas ; les poissons du jour des d’eux-mêmes
Desserts : la poire aux épices du bistrot 4 saisons ; le pochon normand du Chabada ; La cratère du Cancan ; le Mojito glacé des d’eux-mêmes ; le soufflé de La Couronne ; le mille-feuille des Nymphéas ; le pana cota de chez Philippe
After : les cocktails et l’ambiance du Petit Bar ( choisissez carte blanche au barman) Le bar du Hôtel Barrière Le Royal Deauville et particulièrement le cocktail signature. Le service exceptionnel du Calva féerique de La Couronne.
Vin : les grands classiques au Chabada ; les découvertes simples aux d’eux-mêmes ; les grandes réserves à la Couronne ; les excursions au Millésime ; les voyages au Cancan avec mention spéciale pour le Portugal.
Les whiskys : les Nymphéas ; Le Petit Bar
Et …les plats de saisons du Cancan, les plats du jour des d’eux-mêmes ou du bistrot Nova.
Ambiance : chic et moderne les d’eux-mêmes ; exotique et chaleureuse le Cancan ; reposante et classe le Chabada ; terrasse verdure et boiseries a l’esprit français les Nymphéas ; moderne et chaleureux le Millesime ; vue sur mer La marée de Fécamp ; art-déco l’ermitage ; Jazz 1930 Le Petit Bar ; hors du temps grand style français La Couronne.
Vous n’avez plus qu’à combiner votre soirée d’une table à l’autre ! En attendant la prochaine sélection !
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