L’étincelle, Chapelle Saint-Louis – vendredi 15 février 2019 – 15 heures.
Dans le cadre des esquisses, ces moments de théâtre encore en construction, avant une grande représentation, comme pour tester le public, l’Etincelle recevait la Compagnie de la 6ème heure pour une version moderne et réduite de Angelo, Tyran de Padoue, une pièce parmi les plus originales de Victor Hugo. Choisie probablement pour répondre à l’un des axes annoncés de la saison de l’Etincelle, la place des femmes, la pièce met en scène tout autant deux visages de la femme, en miroir ou en symbiose, selon les angles de vues que leur vulnérabilité dans une société qui concédait une place surdimensionnée peut-être à l’homme. Pour autant cette vulnérabilité est elle-même ambivalente et les deux femmes, l’épouse comme la maîtresse, se tirent très bien des chausse-trappes de leur sexe tenant le haut de la scène en maîtresses du drame, face aux pions craintifs, jaloux ou amoureux du sexe dit fort.
Adaptée au goût du jour dans une mise en scène rendue contemporaine, le texte de Victor Hugo garde toute la puissance de son génie. Remarquablement déclamé et joué par l’ensemble des acteurs, le style excentrique d’Angelo, de sa maîtresse la Tisbe et un rien hystérique de Catarina, en plus d’être épuisant tendait à gommer la mise en abyme des deux femmes, également sans retenue ni contenance, parfois jusqu’au vulgaire, laissant de l’amour chaste de l’épouse pour Rodolfo, le sentiment d’une passion violente et compulsive, bien loin du texte.
Romain de La Tour
Avec : Rémi Dessenoix, Charlotte Ravinet, Romain Tamisier, Taya Skorokhodova, Augustin Roy, Julie Bouriche (mise en scène),