Les A.M.R. ne sont pas là seulement pour critiquer ! Vigilants quant au patrimoine ancien, ils savent aussi apprécier des créations nouvelles de qualité. C’est pourquoi leur Commission de sauvegarde, dont la pétition pour un maintien en place de la statue de Napoléon a eu un large écho (1700 signatures à ce jour), présente les propositions qui suivent, contribution concrète au débat ouvert par l’équipe municipale. Que souhaite celle-ci, donner aux femmes une meilleure représentation dans l’espace public ? Mais pourquoi pas ! Sait-on que les AMR – que présida longtemps avec brio Elisabeth Chirol et dont les membres sont à plus de 52% féminins … – ont su précocement mettre en vedette une Rouennaise, Juliette Billard, première femme architecte en France, obtenant même qu’on lui dédie une placette inaugurée officiellement en 2017 et malheureusement depuis laissée à l’abandon ? Alors, qu’on honore mieux les femmes, dans cette ville qui si longtemps refusa de statufier Jeanne d’Arc, on ne saurait être contre. Sans doute faudrait-il alors songer à ces Rouennaises trop oubliées telles Marie Leprince de Beaumont (La Belle et la Bête), Amélie Bosquet (Le Roman des ouvrières), Marie Desmares (La Champmeslé)… et plus encore à des figures collectives telles les trieuses de charbon de la Presqu’île Rollet ou les ouvrières de filature, combien représentatives de la condition féminine d’hier.

Il peut donc y avoir sur ce point un large consensus. Pourquoi dès lors le compromettre en voulant à toute force relier cela à un déménagement de la statue de Napoléon ? Celle-ci paraît peut-être lointaine et superflue vue des fenêtres de la Mairie ; elle n’en est pas moins, vue de la ville, parfaitement à sa place au principal carrefour urbain. On ne voit donc pas, sauf pour attirer l’attention des média ou, pire, pour plaire aux révisionnistes de notre histoire, la nécessité de chasser de son emplacement dédié un monument qui fait partie du patrimoine urbain et qui, d’ailleurs, est en instance de classement au titre des M.H. Et l’on oublie de nous chiffrer le coût d’une telle opération… Une solution beaucoup plus simple existe : si l’on veut honorer expressément les femmes sur le parvis de l’hôtel de ville, espace par ailleurs très apprécié des jeunes skaters, quoi de plus facile, et de plus consensuel, que d’en peupler le pourtour végétal d’une série de statues ou de bustes bien représentatifs ? Voilà ce que proposent les Amis des Monuments Rouennais.
