Le spectacle est plaisant, d’un autre temps, celui des cabarets et des voix parisiennes de Montmartre qui s’éteint. La version travestie d’Aznavour nous conduit et nous parle d’un temps que les moins de vingt ans… Ces vingt ans que Miss Knife pleure d’un bout à l’autre de la scène comme une mélancolique descente aux enfers de la dépression qu’Olivier Py évoque sans détour dans une musique à l’écriture scénique portant le drame d’une poésie recherchée. Une voix qui passe, une voix un rien passée, aux premiers adieux, donnant pourtant cette coquetterie qui terrifie celui.e qui des charmes de la jeunesse regrette le trop plein comme le trop court. Mélancolie, tristesse, le chant des adieux était prégnant du début à la fin, même dans le rire. Obsession de la rencontre nocturne qui s’échappe comme ce trompe l’œil de présence qui s’évanouit parce que fugace quoiqu’intense.
Une musique travaillée, des textes charpentés, pour une mise en scène festive mais parfois hurlante et des musiciens souvent lourds au service d’une peinture figurative, celle de la solitude d’un monde de la nuit qui peut-être plus que d’autres comprend ce qu’aimer comporte de tragique et de beau.
Romain de La Tour
Les Premiers adieux de Miss Knife, CDN, théâtre des deux rives, spectacle vu le 20 mars 2019
