Concert entendu le 17 janvier 2019 – Chapelle Corneille – Ensemble Diderot – Nahuel Di Pierro, basse.
L’idée d’un concert explorateur autour de la genèse d’une forme finalement pas si bien connue que ça du grand public, la cantate, avait de quoi séduire. Sobrement expliqué dans le programme, dont il faut saluer depuis plusieurs années la qualité musicologique, nous voici donc introduits dans une forme musicale en évolution, en ébullition, pourrions-nous dire, si nous nous plongeons, à notre tour dans l’effervescence d’innovations de ces siècles musicaux qui furent le creuset de grands noms, dont Bach n’est pas l’un des moindres.
C’est donc tout naturellement que l’ensemble Diderot, connu pour sa recherche musicologique « appliquée » et son appétit pour l’exhumation d’œuvres rares ou oubliées, nous propose une promenade dans l’univers de la famille Bach en compagnie de leurs amis ou contemporains.
En quelques instants, nous sommes enveloppés par la chatoyante qualité sonore du premier violon et directeur musical, Johannes Pramsolher. Un son qui tout autant saisi de grâce et repose l’âme. Mais ces repos sont malheureusement contrariés par de désagréables retours d’archet laissant une impression geignarde. Le style est là, c’est indubitable. Tout l’ensemble vit la musique baroque dans ses plus infimes détails. Mais l’allant n’y est pas. La musique est contrainte, retenue, maintenue dans un cadre rigide qui l’étouffe et laisse une impression tout aussi crispée que lisse jusqu’au propret. Cette platitude en devient, aussi surprenant que cela puisse paraître, confusion tant les reliefs qui sont sensés donner vie et structurer les œuvres s’arasent et se perdent dans une ligne de fuite policée.

Le relief, nous est cependant offert par l’excellent Nahuel Di Pierro qui donne à la profondeur de ses basses une assise virile et sereine, une solennité émouvante et finalement très humaine. Contraint, sans doute par l’interprétation ambiante, on le sent également tendu, crispé finalement et malheureusement souvent couvert par l’ensemble instrumental.
Une soirée sympathique mais sans relief qui pourtant avait réuni les talents qui aurait pu donner une toute autre allure à cette présentation de la cantate.
Cyril Brun
Notre image Nahuel Di Pierro
