Rouen méconnaissable…
Mais qu’est-il arrivé aux Dragons ? Qu’est-il arrivé à cette équipe flamboyante au match aller, qui avait laissé espérer un exploit lors de ce match retour à Salzburg ? Alors oui, le meilleur pointeur (Nicolas Deschamps) était blessé, le match avait lieu à l’extérieur et Rouen était novice à ce niveau de la compétition, mais ceci n’explique pas tout… car au-delà de la défaite, c’est surtout le score et la manière qui ont surpris… Retour sur un naufrage d’un soir.
Une erreur de stratégie qui plombe les Dragons dès le début du match…
Pour espérer aller plus loin dans l’aventure, l’équation était simple, il fallait gagner ce match. On s’attendait donc à voir les Rouennais, partir le couteau entre les dents à l’assaut de la cage de Salzburg, comme ils l’avaient si bien fait à Nuremberg, permettant à Rouen d’atteindre les 8e de finale de la CHL… Alors quelle ne fut pas notre surprise de voir des Dragons, en ce début de match, qui semblaient fébriles à l’idée de jouer hors de leur zone ! Et comme les Rouennais n’attaquaient pas, cela laissait tout le temps à Salzburg de construire ses attaques et littéralement pilonner la cage de Matija Pintaric (29 tirs à 7). Au bout des 20 premières minutes de jeu, Salzburg menait logiquement (2-0), laissant les Dragons et leur public avec une frustration bien légitime.
Rouen, incapable de développer son jeu…
Alors, perdu pour perdu, on s’attendait à voir les Dragons réagir avec orgueil et se projeter pleinement vers l’avant pour inverser la tendance. Mais si la réaction des Rouennais était présente, ils se méfiaient des contres de Salzburg et n’attaquaient bien souvent qu’à 3, laissant 2 défenseurs en retrait à la ligne bleue. Joris Bedin, apporta alors une éclaircie dans cette soirée bien sombre en réduisant la marque sur un rebond laissé par le gardien de Salzburg (2-1) Mais la joie fut de courte durée et Salzburg doucha les Dragons en marquant à son tour 47 s plus tard (3-1). Le reste de la soirée fut un chemin de croix, dont le paroxysme fut atteint à 34’58 lorsque Rouen, pourtant à 5 contre 3 pendant 48 s à la suite de 2 pénalités successives contre Salzburg, fut incapable d’imposer un power-play efficace… En 3e période, Salzburg creusait encore l’écart par 2 buts (dont 1 en cage vide) pour clore le match sur un score lourd au regard du potentiel des Dragons (5-1).
Un apprentissage douloureux de la CHL…
Alors comment expliquer ces 2 visages de Rouen, brillant à l’aller, fantomatique au retour ? La réponse se trouve en Ligue Magnus où Rouen domine le championnat sans partage. Quelques chiffres pour en prendre la mesure : Rouen est invaincu en championnat depuis 17 journées, 2e attaque (69 buts), 1re défense (26 buts), 8 points d’avance sur le 2e (Grenoble), 20 points sur le 3e (Angers)… Ces chiffres, parfois repris sur la page Facebook officielle des Dragons de Rouen, traduisent la faiblesse de la Ligue Magnus… et cela finit par se sentir à travers la manière de jouer des Rouennais en CHL. « Ils nous pressent vraiment, presque à cinq. On n’y est pas habitué en Ligue Magnus » reconnaissait F. Lhenry juste après le match aller contre Salzburg. Que cette phrase est criante de vérité. Tout est dit. Rouen a perdu son match retour car il n’a pas les automatismes indispensables à l’ascension dans la CHL. Presser à 5, faire vivre le palet, tirer dès que possible à la cage, placer un joueur devant la zone bleue du gardien adverse pour prendre les rebonds… Tous ces éléments ont manqué lors de ce match retour car Rouen n’en a pas besoin pour gagner en Ligue Magnus… mais ils lui manquent cruellement pour s’imposer à ce niveau en CHL…
Un beau parcours en CHL qui prépare l’avenir…
Mais même si Rouen a terminé cette compétition sur une fausse note, les Rouennais peuvent être fiers du parcours de leur équipe en CHL. En effet, les Dragons ont offert de belles émotions à leurs supporters et se sont hissés dans le cercle fermé des 16 meilleures équipes de l’élite du hockey européen. Pour sa 2e participation en CHL, le contrat est pleinement rempli. D’ailleurs, les nombreux messages d’encouragement et de remerciement adressés aux Dragons pour leur parcours en CHL montrent bien l’affection des supporters pour leur équipe. A Salzburg, ils étaient encore une cinquantaine à donner de la voix pour les soutenir. Et il y a fort à parier que Rouen a encore de beaux jours à vivre en CHL.
Cédric Gossin
Notre photo: Kevin Dusseau (assistance) célèbre le 1er but des dragons marqué par Marc André Thinel